Les Vignobles – Ville de Clermont (Oise) – Site Officiel

Les Vignobles

Depuis la fin de la période gallo-romaine et tout au long du Moyen Âge, la culture de la vigne a été largement répandue dans l’Oise. Cependant, comme dans tout le Nord, elle a commencé à régresser à partir du XVe siècle, et plus encore au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle, lorsque la consommation du cidre a commencé à supplanter celle du vin. 

Au Moyen Âge, la vigne constitue une des composantes dominantes du paysage agricole Clermontois, et au XIIIe siècle, sous le règne de Philippe Auguste, le vin de Clermont est l’un des plus estimés des crus provenant des vignobles du nord de la Loire. 

Le lieu-dit « le vignoble » de Clermont est localisé sur la pente orientée est, sud-est du promontoire au sommet duquel s’est développé la ville.

L’origine de la culture de la vigne dans ce secteur remonte, semble-t-il, au XIIIe siècle, lorsque l’évêque de Beauvais, Philippe de Dreux, a fait don de la puissante abbaye bénédictine de Saint Germer de Fly, qui deviendra une partie importante du vignoble de Clermont.

D’autres communautés religieuses de la région possédaient des biens plus ou moins importants dans ce vignoble : le prieuré de Saint Leu d’Esserent, le prieuré de Wariville, les abbayes de Ressons, de Froidmont et de Lannoy, mais aussi le couvent des Trinitaires de Saint André (actuelle sous-préfecture), ainsi que l’église Saint Samson (comme en témoigne le lieu-dit « le Clos Saint Samson »). Mais un des crus les plus renommés était celui du « Clos Merlier », localisé à l’emplacement de l’actuel cimetière. 

Les vignes cultivées par les Trinitaires s’étendaient sur la zone occupée de nos jours par le centre hospitalier interdépartemental. L’abbaye de Froidmont possédait dans ce secteur les vignes de « la Croix », des « Maturelles », du « Pied Doré » et du « Champ de Coquidel ». Ces lieux-dits ont disparu de nos jours et il est impossible de les situer aujourd’huiavec précision. Plusieurs vignes possédées par les Trinitaires seront vendues comme biens nationaux en 1791.

On peut citer parmi les variétés les plus cultivées : le Blanc Meunier, le Blanc Doux, le Blanc Mielleux, le Franc Rouge et le Dammartin. Le Blanc Meunier semble avoir été le cépage le plus répandu dans le vignoble clermontois. Il donnait un vin rouge soit disant de bonne réputation, qui se caractérise par une vigne dont la feuille est d’un blanc velouté. 

Le déclin du vignoble de Clermont se matérialise surtout entre la fin de l’Ancien Régime et les années 1840/1850. Ainsi, en 1789, le vignoble occupait encore 162 hectares, alors qu’en 1836, il ne restait que 55 hectares, avant de disparaitre dans les années 1860.

Les jugements sur la qualité des vins du Clermontois semblent variés. Le préfet Cambry, au tout début du XIXe siècle, disait « à Clermont, l’on y fait du mauvais vin », alors que quelques années plus tôt, le célèbre botanique Louis Graves affirmait que « le meilleur vin est celui de Clermont  ». Et selon certains auteurs, Henri IV était un grand amateur des vins du Clermontois, en particulier la Côte Rôtie de Clermont qu’il avait goûté lors d’un séjour au château de Bulles. 


Une figure historique : Philippe de Dreux

Philippe de Dreux (1158-1217) était un noble français, évêque de Beauvais. Il était le fils de Robert le Grand, premier comte de Dreux, petit-fils de Louis VI le Gros, roi des Francs, et cousin germain de Philippe-Auguste, également roi des Francs.

Malgré sa jeunesse et son inexpérience, il se fit élire évêque de Beauvais en 1175, à 17 ans. Quelques années plus tard, il partit lors de la troisième croisade en Palestine, ayant toujours montré un intérêt particulier pour les batailles. Il fut capturé par des Sarrasins avant de racheter sa liberté. 

A la toute fin du XIIIe siècle, il combattit les Anglais (après que Richard Cœur de Lion ait brisé le pacte établi entre Philippe-Auguste et Henri Plantagenet) avec son cousin roi des Francs. Philippe-Auguste, à la tête d’une armée, ravagea Berri et l’Auvergne, qui reconnaissaient l’autorité de Richard Cœur de Lion. Il désira alors continuer son périple vers la Normandie, mais Philippe de Dreux l’avait devancé. A la tête lui aussi d’une armée nombreuse, il prit Blangi et Aumale, et incendia également d’autres villes et d’autres châteaux, en récupérant au passage un immense butin. Richard, vexé et humilié, se vengea en brulant le château de Dreux. 

Un peu plus tard, il fut convenu que le roi français et le roi anglais aient un rendez-vous un matin à 9h pour conclure un accord pacifique. Selon des sources, le roi Richard était arrivé à l’heure, on le pria d’attendre car le roi des Francs était devant un conseil. Richard patienta quelques heures, avant d’entrer de force. Là, Philippe de Dreux se leva, et dit à Richard Cœur de Lion : « notre seigneur le Roi de France t’accuse de foi mentie et de parjure, parce que tu avais juré et engagé ta foi de venir aujourd’hui à neuf heures t’aboucher avec lui, et que tu n’es pas venu. En conséquence, il te défie ». Richard Cœur de Lion reçu ce coup de plein fouet, et il déclara plus tard à ses fidèles que Philippe de Dreux était dorénavant « son plus irréconciliable ennemi »

Ainsi, en mai 1197, Jean sans Terre, avec une petite armée, entra dans le Beauvaisis, ravagea les environs et attaqua le château de l’évêque de Beauvais. Celui-ci, apprenant l’attaque de son château, recruta une armée composé de fiers chevaliers, marcha en direction de l’ennemi. Il engagea un combat furieux, mais les Français perdirent cet affrontement, et Philippe le Dreux fut prisonnier et amené au roi d’Angleterre en Normandie.  Il resta longtemps enfermé en prison, ce qui se comprend par la vive tension entre lui et la couronne d’Angleterre. C’est une trêve qui le libéra en 1202, après avoir juré de ne plus verser le sang. L’archevêque de Reims étant mort, Philippe de Dreux y fut élu à sa place, mais par un complot, ce vote fut annulé.

Un nouveau conflit vit le jour entre Philippe le Dreux et Renaud de Dammartin, cousin de la comtesse de Clermont qui aurait été outragée par une forteresse édifiée par l’évêque de Beauvais. Une guerre éclata donc, dans laquelle pris parti Philippe-Auguste, auprès de son cousin. Renaud s’allia donc avec les ennemis de la France, et lors de la bataille de Bouvines, alors que Philippe le Dreux refusa dans un premier temps de combattre suite à sa promesse de ne plus prendre les armes, Guillaume Ier de Normandie et ses troupes fondirent sur les chevaliers de l’évêque en les massacrant. Philippe le Dreux se saisit alors d’une massue, et frappa si fort sur la tête de Guillaume de Normandie que le casque explosa. Il assomma par la suite un grand nombre d’Anglais avec cette même massue. 

Il mourut le 4 novembre 1217, ayant laissé plus le souvenir d’un soldat que d’un prêtre.