Centenaire de l’Armistice, dimanche 11 novembre 2018 : retours en images, en vidéo et discours – Ville de Clermont (Oise) – Site Officiel

Centenaire de l’Armistice, dimanche 11 novembre 2018 : retours en images, en vidéo et discours

La ville de Clermont commémore le Centenaire de l’Armistice, le dimanche 11 novembre 2018 en proposant le programme suivant :

Commémoration & Inauguration de la plaque “Général Pershing”

  • À 10h30, Monument aux Morts – Square du Souvenir Français, à la commémoration du 100ème anniversaire de l’Armistice de 1918
  • Suivie de l’inauguration de la nouvelle plaque mémorielle « Général Pershing »  29 rue du Général Pershing

“Tout ce que nous avons est à vous ;
Tout : infanterie, artillerie, aviation”
Paroles prononcées ici même le 28 mars 1918
En présence de Georges Clémenceau et du Général Foch
Par le Général Pershing,
Reconnaissant le commandement unique
Et mettant toutes les forces américaines
Au service de la France

  • et du “cessez-le-feu” sonnant l’armistice du 11 novembre interprété au clairon par trois trompettistes de l’Harmonie Municipale de Clermont

Discours : Général Pershing

Mesdames, Messieurs,

Nous voici réunis ici, nombreux à Clermont, comme dans de nombreuses villes, de nombreux pays à travers le monde, en ce dimanche 11 novembre 2018.

Comme ailleurs, notre monument aux morts devient pour quelques instants le cœur de notre commune.

En nous rassemblant tous ensemble, autour de ce monument érigé « à la mémoire des enfants de Clermont morts pour la France », c’est un moment de rencontre entre nous, Clermontois, que nous organisons, et c’est aussi un moment de souvenir avec ceux qui nous ont précédés, ceux qui ont vécu dans les mêmes lieux, traversé les mêmes rues, regardé les mêmes monuments historiques qui servent de repères, dans une ville qui a eu la chance et le goût de les préserver.

Se rassembler autour du monument aux morts, c’est arrêter un instant le temps qui passe, remonter le temps passé, s’abandonner également à imaginer l’avenir, en espérant que l’Homme s’améliore, en souhaitant que ne se reproduisent plus les immenses et douloureux sacrifices qui ont ponctué l’histoire de notre pays, le destin de notre continent.

Aujourd’hui 11 novembre 2018, nous célébrons le centenaire de l’arrêt des combats de la première grande tuerie industrielle, que l’humanité ait connue.

Nous commémorons cet espoir de paix, soulevé à la fin de celle qui devait être « la Der des Der », tant elle avait marqué d’horreur tous ses contemporains.

A Clermont, aujourd’hui, nous avons voulu encrer davantage encore cette histoire, en rappelant ce qu’elle a pu être, ici, dans notre ville, dans nos rues, dans nos murs.

Nous avons voulu, dans la lignée de nos prédécesseurs, rappeler une rencontre, un moment furtif mais précieux dans l’histoire de la Grande Guerre. Un moment où les principaux décideurs de notre pays ont reçu le chef des armées américaines en Europe. Et c’est ici, à quelques centaines de mètres, dans cette rue, que cette rencontre s’est tenue, le 28 mars 1918.

Le Général Pershing est venu à Clermont ce jour-là pour donner de l’espoir aux armées alliées et prévenir l’Empire allemand de la détermination de son pays à combattre jusqu’à la victoire finale.

« Tout ce que nous avons est à vous ! »  déclara, ce jour-là, le Général Pershing au Général Foch, qui allait être nommé quelques jours plus tard à Beauvais commandant unique des forces alliées.

Pour bien comprendre la portée symbolique de ces paroles, il me faut rappeler en quelques minutes le contexte historique dans lequel elles s’inscrivent.

Vous vous souviendrez ainsi pourquoi la rue de la gare fut baptisée, un jour, rue du Général Pershing.

Lorsque les Etats-Unis entrent en guerre le 4 avril 1917, cela fait déjà 31 mois que la guerre ravage l’Europe. Cinq millions de personnes, essentiellement des soldats, sont déjà morts.

Cette guerre est déjà hors norme, la plus meurtrière que l’humanité ait organisée ! On parlera d’un suicide collectif de notre continent, car dans l’équilibre des forces mondiales, plus rien ne sera comme avant.

Restés longtemps neutres, les USA entrent à leur tour dans ce grand carnage, à la suite du blocus maritime organisé par l’Empire allemand, pour asphyxier le ravitaillement des peuples anglais et français.

En effet, l’économie de ces deux pays s’est entièrement tournée autour de l’effort de guerre. Les hommes en âge de combattre ne sont plus dans les usines ni dans les champs, l’industrie comme les transports sont entièrement consacrés à la guerre. De plus, en France, les départements miniers et sidérurgiques du nord et de l’est sont aux mains de l’ennemi.

La survie des Anglais et des Français est donc assurée par les importations massives venues principalement des Etats-Unis qui, eux, ne peuvent plus commercer comme avant-guerre avec l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie, à cause du blocus imposé cette fois par les Anglais.

Le commerce atlantique est donc vital pour l’économie des alliés, mais aussi pour l’économie des USA.

Une défaite de la France et de l’Angleterre serait catastrophique pour les Américains, car ces deux pays clients seraient dans l’incapacité de rembourser les dettes colossales qui s’accumulent.

La guerre est donc devenue inévitable pour les Etats-Unis.

Nous avons peine à le croire aujourd’hui, mais ce pays à cette époque n’a presque pas d’armée.

Alors que les Français ont mobilisé 3 500 000 combattants en 1914, les Allemands 4 millions ou les Russes 5 300 000, les Etats-Unis, qui n’ont pas de service militaire, ne disposent que de 100 000 soldats professionnels !

Alors évidemment en avril 1917, la déclaration de guerre du Président Wilson à l’encontre de l’Empereur d’Allemagne ne fait trembler personne !

Les USA ne seront pas alliés, mais associés au Royaume Uni et à la France et de plus, ils ne se reconnaissent pas en guerre contre l’Empire austro-hongrois.

C’est le général Pershing, descendant d’une famille originaire d’Alsace, qui est nommé Commandant en chef du corps expéditionnaire américain en Europe. Il reçoit pour mission de constituer une armée autonome, apte à engager ses forces lorsque lui sera attribuée une partie du front.

Les Alliés sont stupéfaits et s’impatientent, car ils voudraient que les soldats américains soient intégrés dans leurs armées, au fur et à mesure de leur arrivée en Europe. C’est ce qui est dénommé à l’époque « l’amalgame ».

Or, l’amalgame est refusé par le Général Pershing qui débarque en France en juin.

Il passe les premiers mois dans notre pays, d’une part à rassurer les autorités politiques et militaires alliées sur le soutien plein et entier de son pays, et d’autre part à organiser l’efficience d’une véritable armée, dont il chiffre rapidement le besoin à un million d’hommes, ce qui permettrait selon lui d’en verser dans les tranchées 500 000.

Il fait le tour du pays pour repérer les ports nécessaires au débarquement des troupes et du matériel, choisir les territoires pouvant accueillir les cantonnements, les zones d’entrainement, et finit par installer son propre réseau de télécommunication, le long duquel il décide d’implanter ses hôpitaux. L’armée américaine doit être autonome.

Le résultat des calculs envoyés au secrétaire d’Etat à la guerre sont effarants en matière de tonnage nécessaire pour le transport transatlantique. La flotte américaine est très nettement insuffisante.

Dans la presse, on rappelle régulièrement l’engagement des Américains, mais on ne peut montrer que des hommes à l’entraînement, d’ailleurs encadrés et armés par les Français.

Fin octobre, le front russe n’est plus qu’un souvenir puisque les révolutionnaires bolchéviques demandent une paix séparée. Le moral est au plus bas chez les Alliés. Les offensives anglaises et françaises, peu concertées, n’ont pas réussi à faire reculer les Allemands et des centaines de milliers de soldats y ont perdu la vie.

Le gigantisme des chiffres rend l’arrivée des premiers Américains à la fois porteuse d’espoir et bien vaine cependant.

Les troupes françaises ont connu des mutineries et à l’arrière, les civils n’en peuvent plus.

Sur le front italien, environ 300 000 soldats sont mis hors d’état de nuire en quelques jours, obligeant le déplacement de cinq divisions anglaises et six divisions françaises dans les Alpes, pour éviter une défaite complète de l’Italie après celle de la Russie.

En France, Clémenceau arrive au pouvoir mi-novembre et essaie à son tour d’obtenir que des soldats américains soient amalgamés aux armées françaises.

Car le temps de procéder au recensement des hommes, de trier ceux qui sont aptes, de les entraîner aux combats puis de les faire traverser l’Atlantique avec matériel et ravitaillement, à la fin de l’année 1917, il n’y a que 100 000 Américains débarqués en France et encore ¼ ne sont pas des combattants, mais servent dans la logistique arrière.

C’est donc une véritable course contre la montre que doivent livrer les Allemands débarrassés du front russe, pour acheminer leurs troupes vers la France, avant que les Américains ne puissent faire traverser l’Atlantique à une armée en formation.

Les premières divisions américaines, constituées de militaires professionnels, s’installent durant l’hiver sur une partie calme du front, en Lorraine.

Mais du côté des Alliés, on s’attend au pire pour le printemps. Incapables de lancer une grande attaque, au vu de leur infériorité numérique, ils redoutent l’offensive allemande.

En mars, les premiers conscrits américains ont fini leur instruction sur le sol de leur patrie, mais ils doivent la compléter en France, avant d’être jugés aptes à rejoindre le front.

L’arrivée du printemps est à la hauteur des craintes des Alliés :  le 21 mars, les Allemands engagent l’opération appelée Michaël, sur le point le plus fragile du front, c’est-à-dire à la jonction entre les armées anglaises et françaises, sur 80 km entre Arras et La Fère.

Après un déluge d’artillerie, d’une puissance de feu cinq fois plus élevée qu’en avril 1916 à Verdun, les Allemands enfoncent le front.

Les Anglais demandent du renfort pour protéger les ports du nord dont la chute rendrait les côtes britanniques vulnérables, tandis que les Français entendent utiliser leurs forces pour barrer la route de Paris, et éviter l’humiliation de l’invasion de la capitale, actuellement bombardée par un gigantesque canon installé dans le département de l’Aisne.

Les premiers reculent donc vers le nord, obligeant les seconds à étirer leur front pour ne pas perdre le contact et se laisser déborder par l’ennemi.

Le manque de coordination entre les Alliés est flagrant. Le 24 mars, on est en plein repli, toutes les forces anglaises sont au combat, et six divisions françaises arrivent en renfort à leur côté. Mais le général Pétain, commandant les armées de notre pays depuis son quartier général à Compiègne, ne veut pas dégarnir le front de Champagne, redoutant une autre offensive allemande. C’est ce qu’il explique au Président de la République Poincaré, au Président du conseil Clémenceau et au général Foch.

Le soir, c’est le Général Pershing qui vient à son tour à Compiègne rencontrer Pétain : devant le désastre qui s’annonce, il se dit prêt à mettre à sa disposition sans plus attendre ses divisions prêtes au combat, sous réserve, qu’elles seraient, une fois l’urgence passée, regroupées sous commandement américain.

Le 26 mars, les Alliés se rencontrent à Doullens dans la Somme. Face à l’urgence de la situation, ils reconnaissent enfin qu’une coordination est nécessaire et les Britanniques consentent à ce qu’un Français puisse détenir cette fonction sur le front occidental : c’est le Général Foch qui fait consensus pour, selon l’accord : « coordonner l’action des armées avec les généraux en chef qui sont invités à lui fournir tous les renseignements nécessaires ».

Ce n’est pas encore le commandement unique mais on s’en approche.

Le 27 mars le front est enfoncé à Montdidier : c’est la route de Paris qui va s’ouvrir pour les armées allemandes.

Le général Foch s’installe à Clermont, au quartier général du général Humbert, chef de la IIIèmeArmée.

C’est là que le général Pershing se rend pour exprimer avec force, écrira-t-il plus tard, l’offre qu’il avait faite au général Pétain à Compiègne.

Clémenceau et Pétain sont déjà présents à Clermont.

La presse, informée le lendemain par le gouvernement, reprendra les paroles prononcées par le Général Pershing au général Foch, devant Clémenceau et Pétain :

Je viens vous dire que le peuple américain tiendrait à grand honneur que nos troupes fussent engagées dans la présente bataille.

Je vous le demande en mon nom et au sien.

Il n’y a pas en ce moment d’autre question que de combattre.

Infanterie, artillerie, aviation, tout ce que nous avons est à vous.

Disposez-en comme il vous plaira.

Il en viendra encore d’autres, aussi nombreux qu’il sera nécessaire.

Je suis venu tout exprès pour vous dire que le peuple américain serait fier d’être engagé dans la plus grande bataille de l’histoire ».

Le Général Pershing adressera ensuite au Président Wilson un télégramme l’informant de sa décision, précisant qu’il ne s’agit que d’une mesure temporaire due à l’urgence de la situation.

Contre toute attente, le front résiste : le lien entre les armées françaises et britanniques n’est pas rompu.

Des cinq divisions américaines arrivées en France, seule la première va être réellement placée en zone de combat, au sud de la Somme, intégrée à l’intérieur de la Première Armée française, dont l’appui de l’artillerie lui est nécessaire.

C’est ainsi que venus de Lorraine, des Américains sont acheminés en train début avril jusqu’à la gare de Méru, puis par camion vers Beauvais pour être déployés dans la région de Froissy.

Le 26 avril, ils assurent la relève des Français devant Cantigny, à côté de Montdidier. Début mai, informés de leur présence, les batteries allemandes les pilonnent rageusement au gaz.

Quelques jours plus tard, les Américains sont chargés de prendre le village de Cantigny, bâti sur un promontoire : l’histoire retiendra qu’il s’agit de la première victoire américaine.

Les USA sont enfin lancés dans la bataille. Treize mois après leur déclaration de guerre.

Au premier trimestre 1918, les Américains arrivent au rythme mensuel de 50 à 60 000 hommes. Leur nombre double à partir du mois d’avril.

La flotte anglaise, première flotte du monde, est mise plus encore à contribution. Cela permet d’acheminer 270 000 hommes en juin et 300 000 en juillet.

La peur change de camp. D’autres offensives allemandes seront lancées durant l’été, mais le front oriental, les Balkans, qui sont à l’origine de cette Première Guerre mondiale vont obliger l’Allemagne à disperser leurs forces. En effet, la Bulgarie, alliée des Empires centraux, est envahie par les forces franco-serbes. Elle tombe, ce qui casse le lien entre l’Empire ottoman d’un côté et l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie de l’autre. La Serbie est ensuite entièrement libérée et les Alliés entrent en territoire hongrois.

En France, les Alliés non seulement repoussent les offensives allemandes mais avancent. L’impressionnant rouleau-compresseur des forces américaines est en place et entrent pleinement dans le conflit.

En Octobre 1918, c’est l’Empire austro-hongrois qui capitule puis quelques semaines plus tard, l’Allemagne.

Si elle n’avait pas changé le cours de la guerre cette rencontre entre Pershing et Foch à Clermont restait un moment fort, tant elle redonnait de l’espoir à des Alliés fatigués par des années de guerre.

Dans la mémoire nationale, cet épisode sera vu comme l’un des jalons menant à la victoire des Alliés.

Ainsi parmi les médailles commémoratives gravées pour se souvenir des moments les plus importants, l’événement clermontois sera bien présent.

De même, la citation sera reprise sur l’un des « bons points patriotiques » édités pour rappeler le souvenir de la Grande guerre dans la tête des écoliers.

En 1938, soit vingt ans après les faits, la municipalité clermontoise entendait commémorer solennellement cette rencontre, en apposant une plaque devant la maison abritant le quartier général du général Humbert, chez qui Foch s’était arrêté les 28 et 29 mars.

La cérémonie est reprise dans la presse nationale et est même radiodiffusée.

En juin 1940 commence une longue Occupation et la plaque commémorative est rapidement brisée.

Qu’importe, le 11 octobre 1944, en présence des Forces américaines de Libération, une nouvelle plaque est installée. Là encore une véritable fête est organisée, mêlant la joie de la Libération et le souvenir des combats de la Première Guerre mondiale.

C’est cette plaque mémorielle que nous avons dû remplacer parce qu’elle avait été vandalisée il y a quelques années.

Nous vous proposons donc maintenant de dévoiler la nouvelle plaque, copie des précédentes, et nous nous souviendrons à cette occasion, du rôle éminent des Etats-Unis dans les deux conflits mondiaux qui ont jalonné le XXsiècle.

Nous allons former le cortège derrière les porte-drapeaux, accompagnés de la volée des cloches de l’église, nous souvenant que l’Armistice tant attendu entrait en vigueur la 11eheure, du 11ejour du 11emois de l’année 1918. Toutes les églises de France avaient à cette heure précise sonné durant 11 minutes.

Message de l'union française des associations de combattants et de victimes de guerre (U.F.A.C.)

Message lu par les enfants du Conseil Municipal Enfants de Clermont

Aujourd’hui, la France commémore le 100e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918.

Il n’est pas une ville, il n’est pas un village de France qui ne garde, gravé dans la pierre d’un monument ou dans la mémoire des hommes, le souvenir de l’héroïsme d’une jeunesse terriblement éprouvée et décimée par cinquante-deux mois de combats meurtriers.

Souvenons-nous des paroles de Georges CLEMENCEAU, Président du Conseil, annonçant l’Armistice, ce 11 Novembre 1918, à la Chambre des députés : “Honneur à nos grands morts qui nous ont fait cette victoire. Par eux, nous pouvons dire qu’avant tout armistice, la France a été libérée par la puissance des armes. La guerre est finie, reste à gagner la Paix”.

Nous ne pouvons oublier le courage et l’abnégation de nos valeureux aînés tombés au Champ d’Honneur. Toutes ces générations venues du monde entier, qu’elles fussent européenne, africaine, américaine, asiatique ou océanienne, se sont battues pour un idéal de paix, de liberté et de fraternité.

De cette Première Guerre mondiale qui a causé des millions de victimes, ne résonnent plus aujourd’hui que le rappel de l’indicible souffrance endurée par l’ensemble des belligérants et leurs familles, une souffrance faite de cauchemars, de privations, de souffrances et de deuils.

Unissons dans le souvenir, tous ces soldats de Métropole, d’Afrique, d’Outre-mer et des Pays alliés, qui ont également versé leur sang pour la France, une France qui sortira terriblement meurtrie de cette guerre :

  • 1 400 000 morts
  • 740 000 invalides
  • 3 000 000 de blessés
  • des centaines de milliers de veuves et d’orphelins

En ce jour de commémoration, l’Union Française des Associations de Combattants et de Victimes de Guerre (UFAC) en appelle à la conscience et à la mémoire de chacun, afin que l’acceptation du sacrifice suprême et l’espérance qui habitaient toutes ces victimes, inspirent nos actions en faveur de la Paix, de la Solidarité et de la Fraternité,

Vive la République ! Vive la France !

Discours : centenaire de l'Armistice - Ville de Clermont

Madame la Sous-Préfète,
Monsieur le Conseiller Régional,
Mesdames, Messieurs les élus,
Messieurs les Porte-drapeaux,
Mesdames, Messieurs,

La France, sur l’ensemble de son territoire, célèbre à l’unisson un des événements les plus marquants de son histoire moderne : la signature de l’armistice, dans la clairière de Rethondes, qui mit fin, après quatre années d’horreur, aux combats de la Première Guerre mondiale.

Le symbole reste intact, tout juste un siècle après que les représentants des Alliés, le maréchal Foch en tête, et une délégation du gouvernement allemand menée par le ministre Matthias Erzberger, aient apposé leurs signatures en bas de la convention d’armistice.

Mais tout événement a une histoire, une chronologie. Il est important de les avoir en tête, pour saisir toute la complexité des conjonctures qui nous ont amené à cet armistice. Dès septembre 1918, l’Etat-Major allemand fait savoir à l’empereur Guillaume II que la guerre est perdue. Le Kaiserne veut rien savoir, ne voulant pas prendre sur lui la responsabilité de la défaite.

En parallèle, la situation continue de se détériorer pour les Empires centraux. Un à un, tous les alliés de l’Allemagne capitulent face aux assauts de l’Entente.

La situation n’est plus tenable, pour l’Empire allemand. La question n’est plus tellement de savoir s’il faut se rendre ou non, mais de savoir comment le faire. Les soldats du Reich refusent de plus en plus d’aller au combat, et face au blocus, la population allemande est en proie à des émeutes et à l’insurrection.

Une délégation allemande, présidée par Matthias Erzberger, est détachée pour préparer l’armistice.

Le choix du lieu pour ce moment historique n’est pas anodin. Les troupes sont exténuées par des années de combats qui ne semblent plus se finir. La clairière de Rethondes n’était pas exposée, la presse ne fut pas conviée. En effet, tant que rien n’était signé, il ne fallait surtout pas que le bruit d’un armistice vienne démobiliser les troupes. Qui plus est, Rethondes n’était pas très loin du quartier général de Foch, à Senlis.

Le 8 novembre, le maréchal Foch reçoit la délégation germanique. Il connait parfaitement la situation de l’Allemagne, aussi les reçoit-il avec cette phrase : « Qu’est-ce qui amène ces messieurs ? Que désirez-vous de moi ? ». L’ennemi n’a pas le loisir de s’émouvoir de cet accueil glacial. Il accepte l’armistice. Un document leur est fourni, et ils ont trois jours pour en prendre connaissance, et faire savoir s’ils acceptent les conditions.

Celles-ci sont perçues comme humiliantes par l’Allemagne, mais le champ de négociation laissé par l’Entente est minime. Quand les représentants germaniques demandent un délai pour la négociation, c’est expressément refusé. En Allemagne, la stabilité politique n’est pas au mieux. Le 9 novembre, l’empereur est obligé d’abdiquer, suite à des mouvements révolutionnaires intérieurs.

Le fameux 11 novembre, la délégation allemande se retrouve dans le wagon français, afin de tenter une dernière fois d’ultimes négociations.

Rien n’y fera. Les 34 conditions seront ratifiées. Les combats sont terminés, et le peuple français l’apprendra dans une grande liesse populaire à travers tout l’hexagone, à la 11eheure de ce 11ejour de ce 11emois de l’année 1918.

Je le disais en préambule, la signature de l’armistice reste comme un grand symbole mémoriel français. Mais nous, qui avons suffisamment de recul pour regarder notre histoire contemporaine dans sa globalité, nous savons qu’il s’agissait plus d’une pause que de la fin réelle des hostilités franco-germaniques. L’armistice fut loin d’être parfait. Peut-être trop précipité, peut-être trop humiliant pour l’Allemagne, peut-être trop contraignant économiquement, peut-être pas assez militairement… Il est toujours ardu de réécrire l’histoire. Néanmoins, cette défaite fut largement incomprise par le peuple allemand, qui entendait que leur pays s’était rendu, alors que leur territoire ne fut pas envahi. Les conditions imposées par le Traité de Versailles du 28 juin 1919 seront vécues comme une trahison, et porteront les germes du fascisme des années 30. Aussi, elles ne furent que partiellement respectées, avant de progressivement ne plus être appliquées, jusqu’à la conséquence mortifère que nous connaissons : l’invasion de la Pologne en septembre 1939, et le début de la Seconde Guerre mondiale.

Ces cérémonies patriotiques qui nous rassemblent tout au long de l’année sont là pour que nous puissions commémorer les grands moments de notre histoire, comme les drames les plus funestes, mais également pour que nous puissions ne pas oublier les leçons du passé. La conclusion de la Grande Guerre représentée par la signature de l’armistice ne met finalement en exergue que la brutalité et la folie d’un conflit inédit par l’ampleur du nombre de pays concernés et par le chiffre affolant des morts qui parsèmeront les champs de bataille. Les avancées technologiques et industrielles, les hostilités séculaires, les ambitions nationalistes… L’Europe, et plus généralement le monde, semblaient se diriger irrémédiablement vers ce conflit, ainsi que le suivant de 1939.

Je ne crois personnellement pas au caractère cyclique de l’histoire, je ne crois pas que la guerre soit inéluctable. Il appartient à chacun de nous de rester vigilant, pour que les erreurs du passé ne soient pas continuellement répétées. La situation présente a cela de paradoxale que nous nous sentons à la fois à l’abri de tout conflit – la grande majorité de nos concitoyens ayant eu le luxe de ne pas être confrontée à la guerre –, mais nous percevons également, partout sur le globe, une remontée des tensions, qu’elles soient ethniques, religieuses, ou politiques. Il suffirait d’un rien, pour basculer dans un nouveau drame martial d’une férocité sans précédent, si l’on prend en compte les outils militaires à disposition de trop nombreux pays : armes nucléaires, bactériologiques, chimiques, radiologiques…

Il est vrai qu’à l’heure de la globalisation, le champ décisionnel nous semble, pour chacun d’entre nous, plus éloigné, plus opaque. Pouvons-nous réellement, à l’échelle individuelle, avoir un poids sur les événements futurs ? Difficile de répondre à cette question, mais il me semble que oui. Notre meilleure alliée dans cette tâche est la vigilance, notre pire ennemie est l’apathie. Se contenter de penser que la préservation de nos valeurs dépend d’autres que nous, c’est déjà accepter le pire. Notre République et notre démocratie demandent un investissement de chacun de ses enfants, pour lui assurer une continuité.

Aussi, ayons, en ce jour du 11 novembre 2018, en cette célébration centenaire, une pensée pour tous nos compatriotes, tombés pour la France, afin que leurs sacrifices puissent nous éclairer dans notre présent, et que leur mort ne soit pas vaine.

Vive la République,
Vive la France !

Philippe BELLANGER
1erAdjoint du Maire
Le 11 novembre 2018

Concert Populaire

  • 14h – Salle André Pommery / entrée libre et gratuite

Musique populaire de l’époque – Musique classique d’Erik Satie, Claude Debussy, Albéric Magnard et Alfredo Casella, Interprétées par la Chorale de l’École de Musique du Clermontois – Tristan Pfaff, pianiste – Marc Zuili, flûtiste